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Pourquoi les contenus n’arrivent-ils jamais à l’heure ?! ou Comment enfin y remédier

par Thomas Fourdin, le 27 février 2018

À chaque fois, c’est la même histoire :

Un client me contacte pour assurer l’accompagnement d’un projet ou pour la réalisation d’un site web. Les idées sont assez claires, les besoins bien esquissés. Le calendrier est serré, pas d’urgence particulière mais « Vous comprenez, notre site actuel n’est plus du tout vendeur. Pensez-vous que vous pourrez développer ou faire développer le site en deux mois ? »

Ma réponse ne varie jamais : deux choses et deux choses seulement viendront décaler la date de sortie que vous planifiez aujourd’hui :

Deux choses qui sont de votre ressort, cher client. Je vous retourne donc la question : pensez-vous que toutes les personnes impliquées sur ces deux tâches auront la disponibilité nécessaire durant ces deux mois ?

À chaque fois, la réponse est oui. À chaque fois (ou presque) la réalité est toute autre. Ce constat se vérifie sur des dizaines de projets depuis 15 ans et je ne vois pas d’amélioration.

Mais quel est le problème avec les contenus ?

Les contenus aussi bien textuels que visuels ne sont jamais disponibles au moment initialement prévu. Et ce pour plusieurs raisons.

Les entreprises ont en réalité peu de choses à dire…

Beaucoup de sites Web d’entreprises ne sont encore que des vitrines figées de leur activité. Mis en ligne parce qu’il est inconcevable de ne pas disposer d’un site Web aujourd’hui mais sans réel besoin de contenus inédits ou de fonctionnalités avancées. Même si les agences vous prétendent le contraire, toutes les activités ne se prêtent pas à la production de contenus riches et enthousiasmants. Loin de là.

…Mais l’ignorent ou ne l’assument pas.

Dans la majorité des activités, il suffit aujourd’hui d’un site Web très léger fournissant les informations de base et quelques leviers de réassurance. Mais les entreprises imaginent avoir beaucoup plus à dire. Sans se poser la question de la cible et de l’usage qui sera fait de ces contenus : qui a réellement l’envie ou le besoin de lire sérieusement ce qu’elles comptent leur expliquer ? Quel effort sera nécessaire pour quel bénéfice réel auprès des rares lecteurs ?

Nous baignons quotidiennement dans un océan de contenus. Les études de cas de stratégies de contenus miraculeuses (mais absolument pas reproductibles) inondent les réseaux sociaux et médias spécialisés. Les clients rechignent à se « restreindre » à un site web sobre en contenus.

La responsabilité des contenus est diluée

L’équipe en charge du projet web doit faire appel au reste de l’entreprise pour collecter et adapter les contenus attendus. Cela implique une participation globale des équipes, même et surtout celles qui ne sont concernées que de loin par le projet et qui ont bien d’autres priorités. Un travail colossal d’organisation qui se frotte directement à l’inertie et au cloisonnement interne.


Image rare d’équipe en charge de la collecte des contenus (Tuna Fishing at Sunrise off the Coast near Marseilles, Félix Ziem, 1860s, nga.gov)


Les compétences nécessaires sont sous-estimées

Les compétences techniques nécessaires à la rédaction sont clairement sous-estimées. Confusion est faite entre savoir écrire (ce qui semble à la portée de n’importe qui) et savoir rédiger des contenus pour le Web (qui est une expertise qui se travaille !). Le résultat créé par les équipes internes non spécialistes de cette démarche s’avère donc souvent décevant. Nous voilà repartis pour un tour.

Parfois le client fait appel à une prestation externe ! Mais au lieu de se faire accompagner, il tente de lui déléguer toute la tâche de création de contenus. Sans ligne directrice et sans compréhension réelle de l’entreprise, le résultat risque de ne pas être plus pertinent.


Rédactrice web en plein travail (A Lady Writing par Johannes Vermeer, 1665, nga.gov)


Pour les contenus visuels c’est encore pire : les sources internes sont inexistantes, payer pour des illustrations ou des photographies n’est pas dans les mœurs. Dans les meilleurs des cas, on pioche dans les banques d’image sans discernement. Dans le pire, on vole des images à gauche à droite sur le web…

Le design et les fonctionnalités occupent le devant de la scène

Le client n’imagine pas un instant que le contenu soit une réelle difficulté. Il se focalise donc sur le design et le suivi du développement, qui lui semblent plus concrets et plus importants à contrôler. Une inconsciente fuite en avant : tant qu’il consacre du temps au design et aux fonctionnalités, il ne se préoccupe pas des actions dans sa propre cour, les contenus !

Les contenus sont peu visibles

On voit bien la profonde schizophrénie qui anime les contenus. Les entreprises ont appris, à force de répétition, que les contenus sont vitaux. Pour le référencement, pour se démarquer, pour convaincre. Mais en réalité les contenus restent très peu visibles. Les débats internes porteront sur le design et sur les fonctionnalités, jamais ou presque sur un contenu. Les équipes internes regarderont la page d’accueil mais n’iront pas ou rarement fureter et lire en détail chaque contenu présenté. Les utilisateurs se plaindront d’un bug mais pas d’une phrase mal tournée. Dès lors, on pare au plus stratégique (en apparence) et on met de côté les contenus.

Le contenu ne s’arrête jamais

Ceux qui décident de s’atteler aux contenus s’attaquent à un sujet périlleux. Produire des contenus pour le jour du lancement est une chose mais produire de nouveaux contenus et mettre à jour ceux existants est un travail continu. Travail qui, pour les raisons évoquées plus haut, sera complexe (collecte de sujets et contenus en interne) et peu valorisé. Même les bonnes volontés à ce sujet s’émoussent très vite.

Comment pallier l’inexistence de contenus ?

Maintenant que j’ai cassé l’ambiance, tentons de trouver des pistes de solution à cet épineux problème. Quelques conseils de bon sens :

1. Identifiez votre audience et écrivez pour être lu

Avant même de parler de contenus, définissez les cibles et les messages clés que vous voulez leur faire passer. Qui vient sur votre site, que cherchent-ils et que sont-ils réellement soucieux de comprendre ?

Écrivez pour être lu, pas pour vous auto-satisfaire !

Exemples de constat réalisé lors d’un projet :

2. Dimensionner l’ambition éditoriale de votre site web

Comme dit plus haut, toutes les activités ne se prêtent pas à une surabondance de contenus. Mieux vaut quelques textes bien pensés que des dizaines de pages creuses qui ne seront jamais lues. Dites-vous bien que plus votre site a de pages moins chacune d’entre elles sera lue.

Exemples de constat réalisé lors du même projet :

3. Commencez modeste

Commencez petit avec les contenus socles sur votre activité, gardez en tête d’ajouter par la suite seulement des contenus plus riches, inédits et réguliers. Quelques pages suffisent amplement au démarrage. Personne ne viendra vous le reprochez !

Exemples de constat réalisé lors d’un autre projet :

4. Argumentez

Dans la course aux contenus, les sociétés sont devenues des championnes du blabla. Toutes revendiquent l’innovation ou le respect du développement durable. Plus on en dit, plus on en fait non ? En réalité, les internautes sont devenus allergiques à la langue de bois et distinguent vite les promesses creuses des réelles preuves.

Pour chaque message clé, construisez un argumentaire d’une seule page pour le mettre en valeur. Usez de preuves : chiffres clés, cas clients, revue de presse, labels et prix, etc.

5. Répartissez les rôles

Nommer une personne et une seule responsable des contenus. Elle doit être différente de la personne chargée de piloter le design et les fonctionnalités.

Faites-vous accompagner par un indépendant ou une petite agence, en charge d’assister la personne chargée des contenus mais pas de la remplacer.

Partagez les tâches :

6. Limitez les étapes de validation

Comme la rédaction pour le web est un métier, sa validation demande aussi un savoir-faire.

Organisez une validation simplifiée des contenus : le responsable nommé plus haut doit être seul chargé de  valider le format et le ton des contenus. Les autres partie-prenantes internes ne sont là que pour décelez les erreurs factuelles ou les oublis.


Séance collective de relecture des contenus (The Battle of Saint James at Clavijo, Martin Schongauer, 1470/1475, nga.gov)


7. Investissez dans les contenus visuels

Les visuels ont pris une place prépondérante dans l’expérience offerte par les sites web. Malheureusement on distingue vite les entreprises qui mettent les moyens et celles qui réutilisent jusqu’à l’overdose les mêmes visuels factices issus de banques d’images.

Si vous voulez tirer votre épingle du jeu sur le sujet, proposez des images inédites et personnalisées qui attireront l’œil et donneront confiance.

Faites donc réaliser un ou plusieurs reportages photos par un professionnel. Vos équipes, vos locaux, vos produits et vos procédés de fabrication sont plus photogéniques que vous ne le pensez.

8. Osez !

Pour gagner la course à l’attention, travaillez des formats peu classiques et des tonalités originales. Osez l’humour et le clin d’œil. Utilisez des formats interactifs mais seulement si ils apportent une valeur ajoutée dans la découverte et la compréhension de votre discours.

9. Animez au long cours

Planifier une instance régulière (trimestrielle par exemple) pour mesurer le succès des contenus créés, décider des mises à jour nécessaires, identifier les nouveaux sujets. Les statistiques de votre site web, les autres canaux de contact avec votre public (hotline, salons, etc.) peuvent vous alerter sur les nouvelles thématiques attendues.

 

Vous avez d’autres conseils ou retours d’expérience en la matière ?

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Retour sur la conférence AgoraCms : le CMS n’est plus indispensable ou Enjeux et voies de progrès de la gestion de contenus

par Thomas Fourdin, le 6 mai 2014

Il y a déjà deux semaines se tenait la deuxième édition de la conférence parisienne AgoraCms, petite sœur de Drupagora. Une journée pour redécouvrir les solutions et les enjeux actuels de la gestion de contenu. logo_agoracms

L’âge de la maturité ?

À l’écoute des conférenciers une première constatation s’impose : la gestion de contenus s’est professionnalisée. Les éditeurs ne se concentrent plus sur la gestion des pages, le référencement naturel ou la personnalisation du design. Tout cela est acquis et ne pose plus questions.

Assez paradoxalement, on aura donc très peu vu de contenus en action ce jour-là.

Les enjeux : industrialisation, multicanal et e-marketing

Les enjeux du moment ont évolués. Il s’agit aujourd’hui de s’équiper d’une solution robuste sur le long terme, supportant tout un ensemble de sites, adaptée aux différents supports (dont le mobile bien évidemment) et intégrée au dispositif plus vaste de web-marketing.

Plus globalement, Le CMS n’apparaît plus comme la pierre angulaire d’une présence en ligne. Il se cantonne désormais à son rôle initial : gérer les contenus. Il n’est donc qu’une des briques du vaste dispositif technique nécessaire pour exister sur Internet.

Les différentes solutions rivalisent désormais sur leur capacité à s’intégrer à des plates-formes plus vastes et à communiquer avec d’autres outils.

Des voies de progrès pour le contributeur

Hier, l’internaute était la première cible affichée des CMS. Il fallait lui proposer du contenu riche, interactif et bien présenté. Ce que n’importe quel CMS propose aujourd’hui par défaut.

La direction informatique et la direction marketing sont aujourd’hui choyées. Avec des logiques de fiabilité et de performance, de déploiement facilité, d’intégration au système d’informations. Avec la mise en œuvre de personnalisation par profil, de liaison avec des outils publicitaires et le CRM, des tests en ligne et d’analyse d’audience.

Finalement, le public délaissé semble toujours celui des contributeurs. Après les tentatives ratées du WYSIWYG et de la contribution directement sur le site visité, la saisie des contenus semble toujours condamnée à de longs formulaires indigestes. Alors qu’on serait en droit d’attendre d’un CMS moderne qu’il nous aide à :

Des alternatives

Enfin, à l’heure où les CMS ont perdu (à juste-titre) leur place centrale et prioritaire dans toute réflexion de dispositif web, leur caractère incontournable est remis en question. Même si plusieurs solutions tentent de varier les plaisirs en proposant des extensions sociales ou e-commerce, les CMS ne devraient apparaître que sur des projets qui placent les contenus au centre. Ou pour être plus précis, dans les projets qui prévoient une équipe de contributeurs non-codeurs pour des contenus fréquemment mis à jour (et je pèse chacun de ces mots).

Car même si on l’oublie trop souvent, on peut parfois facilement se passer de CMS. Si on dispose de contenus mis très peu à jour ou de contributeurs qui aiment mettre les mains dans le code, une solution de site statique peut parfaitement faire l’affaire. De nombreuses solutions viennent aujourd’hui aider à la réalisation et au déploiement de sites sans CMS.

À l’inverse si on souhaite créer un dispositif plus complexe et plus personnalisé, mieux vaut sans doute choisir un framework de développement. Mûrs eux aussi, ils apportent avec eux tout un lot de briques fonctionnelles préexistantes et une souplesse beaucoup plus grande.

Car, et ce sera ma conclusion, le CMS n’est plus indispensable. J’ai vu trop d’exemples de solution connue choisie par précaution par une DSI frileuse, de CMS reconnus mais déployés en dépit du bon sens ou encore d’outils où seule la saisie de code HTML rendait possible le résultat attendu. Alors, faites le bon choix et pensez-y à deux fois.

À lire sur le sujet : Le piège des CMS – l’édition facile et Le piège des CMS – la dépendance et la série de billets sur les générateurs de sites statiques sur le site de Bertrand Keller.

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